Dans un environnement forestier exceptionnel (Le Parc Sylvestre), Les Gorges du Pont du Diable offrent une image saisissante de la puissance de l’érosion : La Dranse de Morzine s’engouffre dans une fissure profonde dominée par une arche imposante.
C’est au sortir de Thonon-Les-Bains et au pied des stations des Portes du Soleil que vous découvrirez ce défilé spectaculaire, l’un des 23 géosites du Geopark Chablais UNESCO.
Mais pourquoi les Gorges sont-elles associées au diable ?
Une légende raconte que Le Jotty et la Forclaz, 2 villages séparés par des Gorges, souhaitaient construire un pont entre eux. Mais à chaque tentative, le pont s’écroulait quand il était terminé. Les habitants déçus par l’absence d’aide de Dieu, décidèrent de confier leur sort au diable ! Le diable leur proposa le pacte suivant : « Je vous construis un pont solide, et en échange vous m’offrez la première âme qui franchira le pont ». Les habitants acceptent. Le diable déclenche alors un éboulement : un bloc énorme se coince entre les deux rives formant une arche au dessus du torrent.
Le lendemain, les habitants ayant réfléchi à qui traversera le pont en premier en sacrifice… ont eu l’idée de sacrifier une chèvre ! Le diable furieux de la supercherie jura de revenir se venger dans le futur. C’est ainsi que l’on raconte depuis des décennies la légende des Gorges du Pont du Diable ! Faites attention à ne pas être la victime ...
HISTOIRE
Un menuisier visionnaire
En 1892, Jean Bochaton, menuisier originaire du plateau de Gavot, obtient l’autorisation de construire « un escalier de bois avec supports de fer pour permettre la visite des Gorges du Pont du Diable ». Il a probablement découvert ces Gorges en compagnie des passeurs de bois flottés qui avaient aménagé des accès au torrent. Avec le concours d’un forgeron et d’un tailleur de pierre, il construit d’abord des escaliers qui permettent d’atteindre la rivière (la Dranse).
Dès l’été 1893, il y conduit les premiers visiteurs. Ce sont pour la plupart des curistes d’Evian, station déjà réputée, ou de Thonon. Les années suivantes, Jean Bochaton complète l’aménagement du parcours vers l’amont, de façon à faire découvrir la totalité du site.
En 1908, les Gorges sont finalement classées par le ministère des Beaux-Arts pour leur valeur esthétique. Il aura fallu quinze années de travail pour équiper l’ensemble du site de passerelles, d’escaliers ou de marches taillées à même la roche. Ces installations survivront à leur créateur, certaines jusqu’en... 1950.
Une relève difficile
Mais le tourisme n’en est qu’à ses débuts.
En 1909, à la mort du menuisier, personne ne souhaite prendre sa suite. Les communes propriétaires du terrain ont du mal à persuader un maître d’hôtel, Jean Calligaris, qui partageait jusque-là son activité entre Nice, en hiver, et Thonon, en été, de prendre la relève. Pourtant, il s’installe finalement au Jotty et construit l’hôtel du « Mont Ouzon » qu’il gère parallèlement au site des Gorges.
En 1934, le maître d’hôtel cède son droit au bail à Jean Raibaud, ingénieur en construction métallique reconverti dans le tourisme.
L’essor touristique
Jean Raibaud a pris la mesure de l’augmentation de la fréquentation suite à l’avènement des congés payés. Il envisage de nouvelles installations.
Commencées en 1939, elles ne seront terminées qu’après la seconde guerre mondiale, en 1951.
A partir de 1949, le barrage du Jotty construit à un kilomètre en amont dévie une partie de la Dranse vers la centrale hydro-électrique de Bioge. La société des Gorges sera dédommagée pour le détournement de l’eau et un débit minimum d’eau sera sauvegardé.
Aujourd’hui et demain
Les passerelles ont été rénovées et complétées par de nouveaux aménagements : bâtiments d’accueil, parkings, aires de pique-nique, parc sylvestre...
Soigneusement entretenues, les passerelles permettent toujours à un large public de découvrir ce site original et spectaculaire qui accueille chaque saison plus de 50 000 visiteurs !
Depuis 2012, les Gorges font partie du Geopark Chablais UNESCO, territoire reconnu mondialement pour sa géologie remarquable.